![]() Voilà 5 ans
que Crimson Muddle est né de la volonté d'Hellebore – également
claviériste de Deadchovsky et tout d'abord seule aux commandes jusqu'en 2008– de partager son univers mêlant des
choses personnelles à tout un tas d'influences. 5 ans plus tard
donc, après un ep prometteur( disponible en libre téléchargement sur
Zorch
Factory Records) et un quatuor devenu trio (tout de même
actuellement à la recherche d'un batteur) – Hellebore, Abesada et
Annie-Dog, voici le premier album du groupe: Nocturne.
5 ans? Ça a peut-être l'air long mais on peut comprendre à l'écoute quel soin il a fallu pour harmoniser les divers sons et ambiances qui caractérisent le groupe.
Sorte de kaléidoscope musical, Crimson Muddle s'amuse à s'approcher d'un genre juste le temps d'une image subliminale et aussitôt se retirer pour nous en montrer une autre. Ainsi, dans une ambiance toujours feutrée, onirique mais sombre, torturée et faussement calme (il n'y a qu'à écouter « Mentiras » et surtout « L'Innommable »), et par des instruments aussi divers (violon, glockenspiel, melodica,...) qu'interchangeables entre nos 3 protagonistes, on partira à l'assaut des atmosphères des concerts new -cold et no wave et Post-Punk chères aux années 80 où l'aspect sombre et raffiné cohabitait avec un esprit punk toujours présent à cette époque.
En évitant toujours adroitement le cliché, le kaléidoscope enchaîne subrepticement des apparitions ectoplasmiques de Bauhaus, de Siouxsie, des Dresden Dolls, Kas Product, d'une jam-cabaret entre Cocorosie et les Neubauten dans un squat punk berlinois,... Mais à chaque fois l'allusion est si diffuse que l'on croit avoir rêvé!
Vous l'aurez compris, la force de Crimson Muddle consiste à avoir réussi à créer un concept propre à elles seules. Les pièges des « faire comme » étaient pourtant nombreux mais jamais elles ne sont tombées dans une parodie de macabre à la Tim Burton et autres machins à la Emily the Strange, ou d'un revival qui pousse beaucoup de groupes à seulement reprendre une recette et à s'y cantonner. Le groupe aime faire peur dans ce sens en reprenant, par exemple, cette image d'Epinal pour « corbeaux » qu'est Baudelaire (« La Charogne »), transformant ce danger d'enlisement en un moment fort, à la croisée d'une musique électronique sombre lorgnant vers l'industriel et d'un phrasé très actuel me rappelant Programme (« Agent Réel »).
Crimson Muddle - L'Innommable
Minimaliste de fait, la puissance ne vient pas des décibels ou du « bourrinage » d'une guitoune à la grosse disto mais uniquement des émotions transmises par la musique et surtout par la voix pouvant tour à tour faire la part belle à un répertoire vocal type new wave/post-punk (« Unsteady », « The Chimney Sweeper ») à quelque chose de très malsain – un peu comme une maligne petite voix dans notre tête qui nous mettrait mal à l'aise à coup de dures vérités (« L'Innommable ») - carrément punk faisant un clin d'oeil à Helno ou aux Titis des Bérus.
« Nocturne » porte bien son nom, mais on ne saura jamais si nous nous trouvons dans un rêve ou un cauchemar. Un peu des deux sûrement. L'album réussit ce qui devient pour moi un tour de force lorsqu'on écoute beaucoup d'autres groupes: distiller le meilleur des genres musicaux (comme dit précédemment: le post punk, la new wave, la no wave et les débuts de la musique industrielle...), et créer quelque chose de très actuel et personnel sans tomber dans la copie.
Suicyco Crimson Muddle - Nocturne Date de sortie: mai 2010 Label: Manic Depression Records Myspace: http://www.myspace.com/crimsonmuddle commander: CD
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